Dans les années 1989-1991, le Socialisme de l’Europe de l’Est y compris de l’URSS a reçu un lourd coup souterrain, qui n’a pas été compris par la plus grande partie de la population des pays de l’Est et de l’Ouest car ce coup était présenté sous le concept de Révolution et ce concept a de profondes résonances positives dans la mémoire de l’humanité.
Cette manœuvre politique-militaire faite sous le patronage des États-Unis et de l’OTAN qui a conduit au renversement et à la destruction du Socialisme européen que j’ai nommée – la guerre secrète des années 1989-1991 – et dont le nom codifie de CIA est «Covert Operation » , a été la plus grande victoire de l’histoire des services secrets adversaires du Socialisme.
Après les métamorphoses politiques imposées aux sociétés socialistes européennes dans les années 1989-1991 sous la couverture de révolutions, toute l’Europe de l’Est se trouvait dans une situation bizarre et bouleversée.
Les émergents des dites révolutions avaient accaparé le pouvoir politique de ces États. Mais combien étaient-ils ? Ils n’étaient qu’une poignée de gens dans chaque pays socialiste. Il restait un puissant mode de production qui était soutenu par des centaines de millions de gens. Et ce mode de production se trouvait a la base de la société socialiste qui avait existé jusqu’alors. On devait donc faire des changements dans le mode de production, dans ses éléments composants, dans les relations de production et dans les forces de production, pour déterminer le changement de toute, la superstructure, le changement de la vie spirituelle, etc. Il restait le fondement économique de la société socialiste basée sur la propriété socialiste sur les principaux moyens de production et sur les relations de collaboration et d’aide réciproque. Il restait donc l’essence de la société socialiste. C’est elle qui devait être changée. Mais ce changement ne pouvait pas se faire du jour au lendemain mais dans une certaine période de temps. On n’a été fixé pour cette période ni la durée, ni les dépenses qui seront nécessaires, ni en faveur de qui se produisait ce changement. Dans un but manipulateur, cette période a été nommée « Transition » par les commissaires politiques étrangers et autochtones.
En réalité, dans cette période de changements radicaux et rapides de la société, on ne peut pas parler d’une transition dans le vrai sens du mot mais d’une rupture brutale du Socialisme et de l’abdication de la souveraineté économique des pays est-européens. En plus, la transition du système socialiste vers un autre système non nommé, n’a pas été présentée comme une option aux nations socialistes. Le passage a été fait d’une manière abrupte en détruisant les structures économiques socialistes sans que celles-ci puissent être remplacées par les structures de l’économie de marche capitalistes qui n’avaient même pas commencé à prendre le contour et sans préciser qu’il s’agissait d’un processus de transformation radicale de la société socialiste en société capitaliste primitive. Qu’a-t-il résulté de ces destructions ? Une Transition ? Pas du tout. Le résultat a été un gigantesque saut dans un espace vide sans substance.
Admettons qu’il s’agisse d’une Transition. Dans cette situation l’histoire nous prouve que toutes les transitions, tous les passages d’un régime à un autre régime, ont assuré une meilleure évolution pour les conditions de vie des populations des pays respectifs. Sans cette finalité, le changement d’un système économique – social ne se justifie pas.
Dans ce processus , imposé vilainement, de transformation radicale de l’espace européen socialiste en espace capitaliste, donc dans une nouvelle zone géopolitique, dans laquelle sont impliqués les États-Unis, la Transition a eu comme base théorique, doctrinaire, l’idée libérale américaine et anglaise des années ’80, présentée à l’époque par Margaret Thatcher et Ronald Reagan , qui exprimait, au fond, un néolibéralisme extrémiste.
En Roumanie et dans les autres pays socialistes européens, à la suite de leur abdication de la souveraineté politique , lorsque les émergents ont accapare le pouvoir dans l’État , a partir de 1990 , le néolibéralisme a été introduit par « la Thérapie de Choc de SACHS » et par le Consensus de Washington. Mais aussi par la contribution originale roumaine de l’académicien Tudorel POSTOLACHE, concernant la voie du Chaos, considérée par lui comme seule alternative pour la transition vers l’économie de marche, de même que par l’Esquisse de Perspective de la Roumanie adoptée par le Gouvernement Provisoire le 20 avril 1990 .
L’esquisse de perspective de la Roumanie n’a été qu’une astuce pour pouvoir assumer d’une manière dissimulée le Plan de SACHS.
Dans cette esquisse, en dehors de la libéralisation des prix, du commerce extérieur, etc., on proposait aussi que la première Loi du Parlement de Roumanie soit la Loi de la Propriété, de la privatisation sur une large échelle de la richesse publique, sans consultation des citoyens par referendum, ce qui d’ailleurs s’est passé.
L’esquisse de perspective de la Roumanie a été un modèle pour orienter non seulement les Gouvernements de Roumanie mais aussi les Gouvernements des autres pays socialistes qui ont eu comme but de remodeler toute la vie économique et sociale en conformité avec les objectifs économiques et politiques stratégiques qu’avaient les États-Unis dans l’Europe de l’Est.
La Roumanie s’est assumé d’une manière dissimulée le Plan de SACHS jusqu’en 1997 quand le Programme
de Gouvernement a reçu le nom de « La Thérapie de Choc ». Les autres Gouvernements des pays de l’Europe de l’Est ont adopté, dès le commencement ce Plan d’une manière visible.
Le fait d’avoir assumé la voie du CHAOS pour la transition vers l’économie de marche, de même que le Plan de SACHS, a eu comme résultat l’arrêt brusque, immédiat et rapide du rôle de l’État dans le réglage du fonctionnement de l’économie. C’était le feu vert qui était donné à la majorité des Gouvernements néolibéraux occidentaux et aux institutions économiques financières internationales, mais aussi aux agents économiques du Groupe G 7, qu’ils avaient maintenant la possibilité de pénétrer dans la région de l’Europe de l’Est, sans aucun effort, avec leurs produits et leur capital, sous prétexte de la Thérapie de Choc, sous prétexte de l’ouverture des anciens pays socialistes vers la globalisation et pour une intégration rapide en Europe.
De cette manière, la Roumanie et toute l’Europe de l’Est ont commencé de traverser une période de soi-disant « Transition », conçue selon le Plan du professeur de l’Université de Harvard, Jeffrey SACHS, plan qui a été pressenté dans son Étude sous le titre significatif : « What is to be Done ? », c’est-à-dire « Que faire ? » , et lancé publiquement par la Revue The Economist, le 13 janvier 1990.
Le professeur SACHS a écrit son étude dans le même style que Lénine mais dans une forme inversée, c’est-à-dire de renoncer à la collectivisation des grandes exploitations agricoles et de les mettre en morceaux , de renoncer à l’industrialisation et de mettre la grande industrie en morceaux.
Ces processus détermineront l’abandon de l’instruction de masse, le renoncement de la modernisation, de l’urbanisme, de la recherche,
C’est pourquoi les Américains et les Anglais ont qualifié cette idée de SACHS comme étant une véritable thèse de la Transition pour le remodelage de la vie de toute la région de l’Europe de l’Est.
Le professeur de relations internationales de l’Université Métropolitain de Londres, Peter GOWAN, dans son étude – « La théorie néolibérale et sa mise en œuvre dans l’Europe de l’Est », montre que le « What is to be Done « de Sachs , correspond à un Léninisme renversé et il précise que : « l’étude What is to be Done » n’est pas seulement une question de style, elle concerne toute la méthodologie du modèle de SACHS que nous pouvons nommer le Léninisme renverse de SACHS, alias, la Thérapie de Choc.
On dit que les pays socialistes auraient sollicité eux-mêmes par propre initiative, les services de SACHS. La journaliste Silvia BENEDETTI affirme dans un article, je cite : « Sachs une fois arrivé dans les pays socialistes, a travaillé avec des équipes locales discrètes formées d’environ 10 jeunes économistes et il a forme ses économistes en collaboration avec des Universités pro-occidentales et avec le soutien de la presse nationale.
Doué de qualités incontestables de diplomate SACHS a su tisser des contacts privilégies avec des gens politiques clé des gouvernements, mais il a toujours refusé d’être payé par les pays socialistes qu’il a conseille.
La Thérapie de Choc de Sachs est une théorie américaine de laboratoire qui n’a jamais été utilisée. A existé; cependant, une Thérapie de Choc élaborée par Milton FRIEDMAN. Il est le premier économiste américain qui a utilisé le terme de Thérapie de Choc en 1975 a Santiago de Chili et non pas aux États-Unis. Jusqu’en 1975, personne n’a utilisé ce terme pour une crise économique majeure du monde réel. La journaliste canadienne, Noam KLEIN, montre dans son livre « La Doctrine du Choc : la naissance du Capitalisme des désastres » que la Thérapie de Choc de FRIEDMAN, selon laquelle une contraction subite ébranlera l’économie vers l’amélioration, n’a pas été vérifiée. Concernant ce sujet, Noam Klein montre encore qu’il y a une ressemblance frappante entre la logique de Friedman et la logique des psychiatres des années 40-50 qui recommandaient à leurs malades des électrochocs en étant convaincus que l’introduction délibérée des crises convulsives fortifiantes recharge d’une manière miraculeuse le système d’opération de la mémoire de ces malades.
FRIEDMAN est l’économiste qui a conseille PINOCHET , qui est devenu le chef de l’État après l’élimination en 1973 de Salvador Allende , de mettre en œuvre en Chili , la Thérapie de Choc en économie.
Pinochet et son équipe d’économistes qui ont étudié aux États-Unis à l’École de Chicago est le premier leader politique de notre planète qui a testé la Thérapie de Choc dans son propre pays en le transformant dans un laboratoire pour les théoriciens américains.
Le quotidien « The New-York Times » écrivit à propos de ce sujet : « Il n’arrive pas souvent qu’à un économiste de premier rang dont les perspectives sont si robustes lui soit offerte la chance de pouvoir tester ses prescriptions spécifiques pour la remise en bon état d’une économie si malade. Il est encore plus inhabituel le cas lorsque le client de l’économiste respectif est, par hasard, un autre pays et non pas son propre pays.
La Thérapie de Choc affirme FRIEDMAN , est le seul « médicament » qui doit être administré à l’économie malade. Tel que présenté dans son livre Capitalisme et Liberté , Friedman a en vue trois objectifs : la privatisation massive et rapide, l’élimination du contrôle du Gouvernement sur l’économie et la diminution des dépenses sociales. Tous ces objectifs , affirme Friedman , ont le but de produire un vrai miracle dans une courte période de temps , avec une récupération ultérieure rapide.
Noam KLEIN montre dans son livre : «La Doctrine du Choc » que Pinochet devait agir d’une manière rapide et décisive.
FRIEDMAN insiste sur l’importance du CHOC en utilisant ce mot d’une manière obsessionnelle et il souligne que l’utilisation d’une thérapie graduelle n’est pas un bon choix.
Le miracle économique promis par FRIEDMAN ne s’est pas produit.
Au contraire, à la suite de la mise en œuvre de la Thérapie de Choc, l’économie qui était déjà dans le Chaos financier en Chili, a jeté le pays dans de vrais convulsions, chômage, inflation, etc. qui ont enregistré des nivaux alarmants.
La Junte de Pinochet – qui avait adopté les métaphores de Friedman qui utilisait d’une manière obsessionnelle le mot de MALADIE, a explique que la Thérapie de Choc a été choisie parce qu’elle est la seule qui lutte directement avec la maladie.
Un exemple troublant du désastre provoque entre autres , par la Thérapie de Choc en Chili, a été le système d’assistance sociale. En 1975, le chef de l’État, Pinochet, et son conseiller économique supérieur Sergio di Castro, ont commencé de détruire le système d’assistance sociale, en réduisant brusquement les dépenses sociales avec 27 %. La réduction a été continuée jusqu’en 1980 lorsque ces dépenses ne représentaient plus que la moitié en comparaison avec la période de Allende.
Noam KLEIN écrit dans son livre que c’est la Sante et l’Éducation qui ont été les plus frappées.
Même la Revue The Economist qui passe pour le journal de l’économie du marché libre en parlant de ces réductions de dépenses sociales les a nommées comme étant « une orgie de l’automutilation».
La théorie de la Thérapie de Choc ou le Léninisme renversé de SACHS, qui a été mise en œuvre dans les économies socialistes de l’Europe, est un instrument de la politique des États-Unis et de l’Occident pour restaurer le Capitalisme dans sa forme primitive, sans tenir compte de l’expérience du fonctionnement du Capitalisme développé qui existe de nos jours, dans la zone géopolitique de l’Europe de l’Est.
La théorie de la Thérapie de Choc de SACHS qui a été utilisée dans les anciens pays socialistes n’a pas produit une Transition , tel qu’on affirme d’une manière fausse et trompeuse, mais elle a provoqué une rupture catégorique de la société socialiste qui a existé jusqu’en 1990, pour exclure toute possibilité de restauration du Socialisme comme idéologie, comme doctrine, comme mouvement social et comme système d’organisation économique et social.
Nina GEORGESCU
Chercheur Independant